Brève histoire du
Gour de l’Arche
Quartier méconnu et mal connu,
le Gour de l’Arche situé en banlieue ouest de la ville de Périgueux, dépendait
autrefois de la paroisse de Saint-Martin de Périgueux. Son nom est constitué de deux mots : « gour » qui
représente un trou d’eau et « arche » signifiant soit un
passage soit un bateau. Le nom est présent dans les archives dès le XV e
siècle.
Aujourd’hui,
le quartier est la fusion de deux lieux-dits : le Gour de l’Arche situé
dans la partie est du quartier, la plaine de Saltegourde au sud et Barbadeau au
nord. Cette grande plaine abritait jusqu’au début du XX e siècle deux fermes et
le moulin de Saltgourde où travaillait le fameux meunier Champarnaud, poète de
la langue occitane ainsi qu’une ferme-école expérimentale située sur le
ruisseau de la Beauronne créée en 1837 par le député Thomas Bugeaud.
Les terres de
Saltgourde, du Gour de l’Arche jusqu’au Bas-Toulon étaient la propriété d’un
seul seigneur au XV e s, François de Bourdeilles et bien plus tard, au XIX e s,
de Jean-Baptiste Armand Poumeau de Lafforest. A la fin du XIX e siècle sa fille
unique Marie Amélie en hérita ; elle avait épousé en 1875 Marie Michel
Joseph Formigier de Beaupuy de Génis.
Le domaine commença à se morceler dès le début du XX e siècle et
attira la population ouvrière employée en particulier par les ateliers de la
Compagnie du Paris-Orléans situés dans le quartier du Toulon ou à Chamiers. Entre
1926 et 1930 d’agréables petites maisons fleurissent ici et là, plus communément appelées les « loi
Loucheur », à l’architecture typique bâties sur un arpent de terre
aménagée en jardin. On les retrouve toujours dans le quartier actuel. Très
prisées par les acheteurs, elles offrent beaucoup de potentiel dans leur
réaménagement intérieur.
A la fin des
années 1920, les rues sont tracées et baptisées et trois places (place Jeanne
d’Arc et Place de l’Etoile) dont une place centrale : celle de la Liberté
renommée en 1935 Place du Gour de l’Arche qui aurait été donnée par la famille
De Génis à la ville de Périgueux dans les années 1920. Elle accueillit des
familles de réfugiés durant la Seconde guerre mondiale dans des préfabriqués
appelés baraquements. Après avoir abrité des familles de gendarmes à la fin de
la guerre puis une école, la place fit peau neuve en 1972. On y planta des
platanes et en 1978, elle fut réaménagée avec des parterres de gazon, des jeux
pour les enfants, une sculpture d’un artiste local.
Les premiers
HLM du quartier sont construits en 1955 à l’emplacement du vélodrome situé le
long de la rue du Château, aujourd’hui rue Raymond Raudier. Dix ans plus tard,
une seconde opération de construction HLM voit le jour : le premier
bâtiment est achevé en 1963, l’immeuble-tour en 1965. Puis, en 1974 les
logements locatifs situés Chemin de Salgourde émergent du sol.
Pour
accueillir les enfants des familles du quartier, les établissements scolaires
ouvrent leurs portes : la première école est construite à l’emplacement de
l’école maternelle en 1953. Elle devient vite trop petite et il faut bâtir une
école primaire en 1966 puis un collège en 1969-1970, baptisé aujourd’hui Anne
Frank, ainsi que le lycée d’enseignement professionnel Léonard de Vinci en
1975.
Les commerces,
les services publics comme le bureau de Poste, une crèche, la Maison de
Quartier offrirent des services appréciés par les habitants du quartier. Les
fêtes locales reconnues, des spectacles
comme Mimos et la Truffe d’argent et des courses cyclistes vinrent clore ce feu
d’artifice.
Aujourd’hui,
cet équilibre est fortement menacé risquant de mettre à terre tout l’effort
consenti par les municipalités antérieures. Le fait de vouloir raser les 220
logements de Saltgourde sans savoir où les reconstruire, va entraîner un
effondrement social et amener une paupérisation du quartier : déjà le
nombre d’enfants dans les écoles a chuté et risque d’entraîner la fermeture de
l’école maternelle. Les commerces souffrent. Incroyable alors que le quartier
n’est pas en zone rurale mais urbaine ! Le fait de projeter une
construction de 30 logements sur la place du Gour de l’Arche finira de mettre à
terre le dernier attrait du quartier : le seul poumon vert, central, qui
apporte un lieu convivial et apaisant avec ses 36 arbres vieux de bientôt un
demi-siècle. Un crime, diront certains ! Ce sera l’unique quartier à ne
plus avoir sa place à Périgueux. Que restera-t-il alors à ce quartier qui
devrait être une vitrine pour la ville ?
Le Comité de
Défense des habitants de Saltgourde a vu le jour en 2014 pour défendre les
habitants des HLM qui n’ont rien demandé si ce n’est leur tranquillité. Dans
son sillon, elle a fait prendre conscience à l’ensemble des habitants de ce
quartier qu’il fallait protéger leur dernier joyau de verdure : ainsi l’association
de défense de la Place Publique du Gour de l’Arche vient de voir le jour.
Le Gour de
l’Arche a longtemps souffert, à tort, d’une mauvaise image vis-à-vis de la
population périgourdine. Pourtant certains ont bien compris les charmes et les
atouts de ce quartier situé à la lisière de la campagne proche du golf et n’ont
pas hésité à y acheter leur résidence.
Les noms de rue et leur
signification
·
Rue Jean Bart : Cette rue aboutit aux HLM
et au collège. Jean Bart était un célèbre marin corsaire au service du roi
Louis XIV, né à Dunkerque en 1650, mort en 1702. Il maria une de ses filles à
un périgourdin. Jean Bart est aussi le nom d’un résistant.
·
Rue des Entrepreneurs : dans cette rue se
trouvaient des dépôts de matériaux.
·
Rue de l’Isle : va de la Place du Gour de
l’Arche à la rue de la Source et descend vers la rivière.
·
Rue de la Beauronne : tire son nom de celui
du ruisseau voisin.
·
Rue des Pêcheurs : rue paisible qui conduit
à la rivière. Elle passe devant la chapelle.
·
Rue Pierre Brantôme : doit son nom à Pierre
de Bourdeilles, seigneur de Brantôme (1527-1614). Ecrivain périgourdin et
auteur de nombreux ouvrages. Elle passe devant l’école maternelle et la maison
de quartier-bibliothèque.
·
Ruedes Retraités : rue paisible.
·
Rue Raymond Raudier : porte le nom d’un
jeune résistant habitant le quartier et mort pour la France en 1944. Autrefois
Rue du Château car elle menait au château de Saltgourde. Elle longe les HLM et
passe devant Nodis.
·
Rue de la Source : doit son nom à la source
du quartier, autrefois très pure.
·
Rue des Sports : cette rue descendait au
vélodrome. Aujourd’hui elle traverse le centre commercial du quartier et
aboutit aux premiers HLM.
·
Chemin de Saltgourde : chemin menant au
moulin de Saltgourde et au château. Passe devant le LEP, les derniers HLM,
l’école primaire et les stades.
Aujourd’hui,
le quartier offre un mélange de populations d’origines très diverses, tant d’un
point de vue social que d’un point de vue culturel. Beaucoup d’habitants
d’origine étrangère se sont installés à partir des années 1970.
L’histoire
du Gour de l’Arche le prouve : de tout temps, il a été l’accueil de
réfugiés : en 1919, en 1939 et bien après et encore aujourd’hui. C’est le
lot des quartiers situés en périphérique des villes mais c’est aussi et surtout
leur richesse.
Le
mélange des cultures et les échanges pourraient permettre de mieux se connaître
mais aussi de s’ouvrir à la différence, de tolérer, de s’accepter, de
s’enrichir moralement … en deux mots : de mieux vivre !
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